Ma pratique artistique se concentre essentiellement autour de la peinture figurative à l’huile mais intègre aussi bien la création de décors, de sculptures et parfois de vidéos. À travers cette pratique multidisciplinaire, j’explore l’idée du récit et tente de construire au fil du temps un monde narratif évolutif et cohérent. Se réunissant sous la forme d’installation et parfois de collaborations, cette multidisciplinarité tente d’apporter au récit une matérialisation scénographie et immersive. 

Au fil des années et à travers diverses séries de peintures, je cherche à représenter une forme humaine à la fois fabuleuse et inclusive tout en explorant les thèmes de la communauté, du soin, de la transformation et de l'adaptabilité. Les personnages qui figurent dans ses œuvres évoluent avec fluidité dans les paysages qu'ils habitent. Lié.es par des gestes de tendresse, de collaboration et d'amitié, iels se reposent, s'embrassent, se nourrissent, jouent de la musique, construisent ou contemplent leur environnement de manière ancrée, sensorielle mais peut-être aussi avec désillusion. Derrière la tranquillité et la candeur des scènes se cache la prédiction intimidante d'une survie et d’un avenir incertain.

«Sont données à voir de nouvelles nourritures terrestres, plus inclusives, moins genrées représentées par ces corps-cocon, ces humains-ventres, entourés par une peau-intestin. Iels vivent en collectif ; duo, trio, groupes se caressent, s’enlacent, s’em- brassent, s’unissent. Malgré l’impression d’apesanteur, leurs morphologies sont solides, lourdes et deviennent, les uns pour les autres, un refuge, un home, sans construction ni bâti. Dans une proportion repensée, où les mains sont aussi imposantes que les pieds, ces humain.e.s ont redéveloppé.e.s leur apparence mythologique.

Toutefois, nulle menace envers cette robustesse, le repos se lit sur leur visage. Regards dans le vide, amusements dans l’œil, leurs gestes miment le soin. La nature s’engage également dans cette attention, et prospère de cette communion, se hissant au-dessus de leur tête.»

Anne Vimeux et Elise Poitevin de SISSI Club


Camille Bernard (1994, Paris) est une artiste franco-écossaise. Suite à un stage préparatoire en art à Ullapool dans les Highlands d’Écosse, elle découvre plus intimement la peinture figurative et les grands formats, ce qui la mène à intégrer la Glasgow School of Art (GSA) en 2012. Sa pratique y devient pluridisciplinaire, et évolue entre peinture sur toile, vidéo et décor. En 2014, elle part étudier à l’Académie des arts, de l’architecture et du design de Prague dans le cadre du programme d’échanges Erasmus et participe cette même année à l’exposition collective «Novembre à Vitry» à la Galerie municipale Jean-Collet (Vitry-sur-Seine).

Diplômée de la GSA en 2016, elle est sélectionnée pour participer à l’exposition «New Contemporaries» à la Royal Scottish Academy d’Edimbourg en 2017. Elle y reçoit le prix et la bourse Fleming-Wyfold. Depuis, elle a montré son travail dans plusieurs expositions collectives, comme «New Sottish Artists» présentée une première fois par la Fleming Wyfold Art Foundation à la David Roberts Art Foundation (DRAF, Londres, 2017), puis à The Cello Factory (Londres, 2018).

En 2020, elle participe à l’exposition «Poeurnf» aux portes ouvertes du Couvent de la Cômerie à Marseille, sur une invitation de SISSI Club et en partenariat avec le collectif Arcade Majeure. Elle continue de collaborer avec SISSI Club, notamment à l’occasion de «SuperSalon» à Paris Internationale en 2020. Ensemble, elles reçoivent une aide du Cnap pour monter l'exposition «Bruisse l'eau» avec Simon Lahure à SISSI Club et intègrent le programme du Printemps de l'Art Contemporain 2021 à Marseille. Après un passage par Bruxelles et la région parisienne, elle vit aujourd'hui à Uzerche en Corrèze où elle travaille dans un atelier collectif. Camille Bernard est représentée par SISSI Club (Marseille). 

En 2022, le CAC Brétigny l’invite à présenter une exposition monographique “Nid” de mai à juillet de cette année, en collaboration avec les artistes Corentin Darré et Simon Lahure.